La jeune femme regardait le cadran de la pendule. Enfermé entre ses quatre petits murs les heures défilées. Chaque secondes, minutes, heures, jours passaient lentement. Tellement qu’en réalité elles ne les comptaient même plus. Et ceux depuis qu’il l’avait enlevé à ceux qu’elle aime, celui qu’elle aime. Plus rien n’avait d’importance… Ou presque. La jeune femme posa instinctivement une main sur son ventre bien arrondi. C’est sûrement quand elle touchait celui-ci qu’on pouvait voir une lueur de vie, de pétillement dans ses yeux verts, qui eux étaient vides d’émotions en temps normal. Pour ce futur nouveau née elle se devait de vivre. De survivre. Parce que c’était leur enfant à eux deux. Assise sur son lit poisseux elle se persuader et s’efforcer de trouver la force de continuer. Continuer à devoir travailler pour ses tyrans, ses monstres sans nom. Ils ne méritaient pas d’en avoir, ces sales types n’avaient pour noms qu’humain rien d'autre. Mais ce n’étaient pas les pires, eux ils l’avaient seulement achetée comme une bête de foire. Les pires étaient ceux qui faisaient ce trafic d’esclaves.
Son regard toujours fixe à l’horloge elle serrait les poings et mordait sa lèvre jusqu’au sang. Ce monde elle le détestait. Elle qui avait toujours voulu le découvrir plus jeune, elle regrettait amèrement. Les pires faces du monde elle les connaissaient. Elles les vivaient en ce moment même. Toujours dans ses sombres réflexions et pensées la jeune femme n’entendit pas la porte claquée. Un homme entra et lui dit :

-Hé toi! Tu crois qu’on t’a acheté pourquoi, hein? Lève- toi et va bosser! Le Boss a faim!

La jeune femme leva les yeux sur cet insecte. Ce misérable insecte qui la traitait comme une moins que rien. Depuis peut-être un an elle l’entendait toujours rabâcher à quel point lui et les autres étaient supérieurs à elle. Pourquoi? N’avait-elle pas deux bras, deux jambes et une tête comme lui? Elle ne comprenait pas la mentalité de cet homme, ce n'était pas le seul d'ailleurs. De son regard froid elle décida enfin de se lever. L’homme parut remonter contre-elle. En effet elle lui tenait tête. Jamais avant ce jour elle n’avait osé le défier du regard. Aujourd’hui on pouvait dire qu’elle était d’humeur massacrante, sa grossesse était bientôt à son terme. Son état de santé se dégrader et vu ses conditions de vie c’était tout à fait normal. Elle craquait. Tout simplement. L’homme qui ressemblait à un « mafieux » la prit par les cheveux l’approchant vers lui.

-Écoute, si tu veux pas que je te tue toi et ton gosse, baisse la tête.

Sa en été trop. On pouvait aisément dire que c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Qu’il la menace passe encore, mais son enfant non. Il était hors de question de laisser la victoire à une simple vermine. Pendant pratiquement une année entière elle avait tout subi de la part de ses misérables. Tous. Ils l’avaient brisé dans tous les sens du terme. Ces hommes, cet homme en face d’elle, il allait payer. La jeune femme enceinte lui décocha un bon coup de poing. Surpris il eut un moment d’inattention. La jeune femme n’attendit pas et cette fois ce fut un coup dans l’abdomen. Le sbire de la mafia tomba à terre et la métisse telle une furie lui sauta dessus. Elle le roua de coups criant des :

« C’est de votre faute! À vous tous! Pourritures! Tous autant que vous êtes! Vous m’avez volé! Tous! Je vous hais! »

L’homme quant à lui ne pouvait rien faire et était bien endommagé. Mais la jeune femme criait tellement qu’à force d’autres venir voir ce qui se passait. Ils durent être au moins trois pour la dégager de l’homme qui devait être désormais inconscient. La noire se débattait comme elle le pouvait, criant avec une rage folle mêlée à du désespoir. Les sous-fifres essayaient de la faire taire en la claquant et la menaçant, mais les femmes enceintes étaient incontrôlables. La preuve devant eux. Bientôt ce fut le « boss » lui-même qui fit son apparition. Tous se turent. Même la femme. Il dégageait prestance et mépris. Cigare en main il demanda du ton le plus calme :

-Que se passe-t-il?
-Chef… C’est l’esclave! Elle a tabassé un de nos hommes! Une folle une vraie furie celle-là.

Le soi-disant « chef » se retourna vers la femme. Cette dernière le foudroyait du regard a-t-elle point qu’elle l’aurait déjà tué si elle avait des fusilles à la place des yeux. Les cheveux en bataille le visage dur et essoufflé, elle était encore plus misérable qu’à l’habitude. Ressemblant à un fauve plus qu’autre chose elle était prête à bondir sur lui. Il la regardait un sourire en coin, qui lui était si haïssable. La jeune femme grognait de plus en plus toujours tenu par les autres hommes.

-Eh bien, en voilà une jeune femme enceinte peu commode. Quel est ton nom?
- Nayanko… Nayanko Tia.
-Alors Nayanko Tia je te conseille de te tenir à carreau. A moins que tu veuilles vraiment perdre cet enfant qui t’a l’air si cher?

La jeune femme se tût. Pourquoi? Quand c’était cet homme qui la menaçait elle ne pouvait rien faire. Peut-être parce que au fond, elle savait que lui avait le cran de mettre ses menaces à exécution. Il pouvait le faire quand il voulait d’un simple claquement doigt. Il avait du pouvoir. Elle pas. Ce n’était qu’une simple esclave. La différence était grande entre un chef de la Mafia japonaise et d’une simple esclave noire. Tellement que pour punition la jeune femme fut enfermée dans sa petite chambre sans nourriture ni rien. La punition n’était pas trop grave, la jeune femme avait des soucis alimentaires depuis bien longtemps. Le seul problème était pour cet enfant. Il ne vivrait pas dans de bonnes conditions… Et qui sait peut-être que ces hommes voudraient le tuer? … Non il ne fallait pas penser ainsi. Assise encore une fois sur son lit elle caressa son ventre avec affection.

Cela faisait maintenant de longues heures où elle était rester planté au même endroit. Assise sur son lit à attendre que le temps passe. Il devait faire nuit désormais. Soudain la jeune femme eut des contractions. Elle grimaça. Cela faisait quelques jours qu’elles avaient disparu. D’un coup elle revenait. Nayanko sentait que le moment était venu. Sûrement son instinct maternel qui lui disait ceci. Bientôt elle perdu les os. Du mieux qu’elle put elle frappa à la porte suppliant qu’on la sorte, mais cette dernière était fermée… Et puis elle était punie, non? Le destin s’acharnait donc sur cette femme? Tout portait à croire que oui. Elle s’allongea sur son lit serrant ses draps crasseux. Tia avait peu de force et de vitalité et c’est avec acharnement qu’elle poussait. Encore une fois pendant de longues heures elle vivait un calvaire en criant des :

-Allez Hallibel… Bientôt Hallibel… Sort allez… Ma petite Hallibel…

Elle le savait cela allait être une petite fille. Une adorable petite fille du nom d’Hallibel. Néanmoins la jeune femme n’avait plus de force. Qu’importe à quel point elle poussait elle n’arrivait pas. Il aurait fallu une aide médicale, mais personne. Après tout qui prendrait la peine de faire accoucher une esclave? Des personnes honnêtes. Malheureusement Hallibel vivait dans un endroit où les pourritures croulaient en masse. C’est donc en une triste soirée que la jeune femme décéda en accouchant.

Nayanko Tia mourut pour mettre au monde une fille qui devait se prénommait Hallibel. Étrangement le Boss de la Mafia épargna la petite. C’est attend qu’il put sauver cette dernière en la confiant à des experts.
Mais c’est donc tristement que Tia Nayanko était morte pour servir de sacrifice, mais ceux pour une noble cause.